Il s’est passé beaucoup de choses depuis mardi, les trois dernières journées de marche ont été longues et mouvementées !! Côté météo la pluie a été de la partie, surtout hier, je suis arrivé à l’étape à Vila Praia de Ancora complètement « douché », mouillé de la tête aux pieds et un peu usé par les kilomètres accumulés.
J’ai poursuivi, mercredi matin, mon idée de suivre la côte, au plus près de l’océan, sans suivre le parcours fléché, en me disant qu’ainsi je pouvais raccourcir le trajet en prenant plus de plaisir. Au début, effectivement tout s’est très bien déroulé. D’autant que j’avais pris quelques informations complémentaires, auprès du serveur du restaurant, où je me suis arrêté pour déjeuner. En effet, sur la carte j’avais bien remarqué qu’une petite rivière se jetait dans l’océan un peu plus au nord, le « Rio Neiva ». Mais le serveur m’a rassuré en m’indiquant qu’il y avait un pont. Bon, s’il y a un pont, c’est bon !! et me voilà reparti, gonflé à bloc, heureux de mon choix stratégique.
Déroulant les kilomètres, tout à ma joie de côtoyer les vagues, j’arrivais à proximité du « Rio Neiva », empruntant un dernier chemin balisé, pour aboutir enfin au terme de la dune, au pied de l’embouchure, où là soudain, moment d’effroi !! pas de pont, le c… !! (pardonnez-moi ce moment d’égarement). Ok, pas grave, j’essaye de traverser quand même, j’ai déjà fait, mais là, il y a trop d’eau, la marée monte, c’est trop tard …. plus qu’à faire demi-tour. J’ai compris, le parcours fléché, c’est justement pour éviter ça. Malgré tout, j’ai bien profité de la plage et c’est pas quelques kilomètres de plus qui vont me gâcher la soirée. Et me voici reparti pour faire le tour de l’obstacle, en direction du … pont !! il était bien là, mais pas où je le souhaitais. Toutes mes excuses au sympathique serveur, il avait raison, le pont existe mais il est bien en retrait de la côte. Pour revenir sur mon itinéraire « océanique », ça va faire donc plus 3 kilomètres, aïe, la boulette !!
Dure journée ce mercredi, pour éviter de faire 34km, en pensant en faire 31, j’ai fini par en faire 36 !! bravo le calcul !! car ce n’était pas fini. Continuant sur ma lancée et ma logique, je suis de retour sur la plage, déserte, magnifique, j’enchaîne les kilomètres, je pense au bungalow qui m’attend. Je ne suis plus très loin désormais, dernière ligne droite sur le sable, j’y suis presque, quand soudain …. drame à l’horizon, une nouvelle embouchure, un autre « Rio », petit cette fois, même pas sur la carte !! Je vais quand même pas caler là, l’autre rive est toute proche, le camping tout près. J’essaye, je traverse !! en fait, je tente. Rapidement, je constate que je ne marche pas encore sur l’eau, première révélation. La deuxième, que les flots ne s’ouvrent pas non plus devant moi. La troisième, c’est que mes chaussures ont pris l’eau et que si je m’obstine, je vais bientôt être quitte pour un bain forcé, chaussures, bonhomme et sac !! Trop d’eau, je rebrousse chemin, piteux …. Après j’ai bien essayé de trouver une autre voie dans la « mangrove », mais là c’est la rencontre inopinée avec un gros serpent (chacun son territoire), qui m’a définitivement convaincu de revenir sur mes pas (longs) pour rejoindre une route (classique) dans la forêt voisine. Voilà comment s’est terminée cette grande balade, l’addition a été salée, et je suis finalement arrivé 10 minutes avant la fermeture de la réception du camping Orbitur de Viana Do Castelo, les chaussures trempées, avec une question, comment faire demain ?
Et donc hier, jeudi, sous la pluie, j’ai quitté mon bungalow, sandales aux pieds, une première, pas d’autre choix. Ciel désespérément gris, je m’apprête à vivre une nouvelle et longue journée de marche. Je souhaiterais rallier Caminha, mais avec les rafales d’eau qui s’abattent sur moi, je sens rapidement que je n’ai plus grand chose de sec sur moi. Mon sac est lui bien protégé par une housse, au moins mes quelques affaires de rechange sont épargnées. Je poursuis mon chemin sur la plage, je persiste, d’autant qu’aucun cours d’eau ne semble pouvoir enrayer ma ténacité. Je me rends compte toutefois que la distance sera trop longue et qu’il serait plus raisonnable de finir plus tôt. Mouillé pour mouillé, je quitte les sandales pour continuer ma marche dans l’eau, la température est agréable, je pensais qu’elle serait plus froide. J’éprouve dans ces instants beaucoup de bonheur. Personne dans les parages, je suis seul pendant des heures avec les vagues et l’océan. Tellement seul que je dois oublier tout déjeuner, il n’y a aucun commerce sur mon chemin. Enfin, vers 16h, je peux m’offrir un goûter dans un restaurant, avec vue, je ruisselle, le thé chaud est le bienvenu … la part de gâteau aussi !! Je pense que je vais bientôt mettre un terme à mon inconfort, je ne suis plus très loin maintenant de Vila Praia de Ancora.
J’apprends à l’Office de Tourisme qu’il y a un hôtel dans cette petite station balnéaire. Muni de l’adresse, je me dirige sans perdre plus de temps vers l’Hôtel Meira …. un 4 étoiles !! je me demande tout d’abord si je dois entrer, je crains que le tarif soit au-dessus de mon budget. Dans mon état, j’ose malgré tout me diriger vers la réception, je rêve déjà d’une douche chaude !! l’endroit est chaleureux et superbe. Je suis bien accueilli, je dénote un peu dans le hall, mais visiblement, le personnel semble habitué à ce type de visiteur. L’hôtesse d’accueil m’annonce d’emblée que je bénéficie d’un tarif pèlerin, soit 40 euros la nuit, petit-déjeuner compris, super !! je n’en espérais pas temps. Une nuit dans un hôtel de charme, je vais pouvoir récupérer de mes aventures. Pour 5 euros, j’ai même une carte pour faire ma lessive et sécher mon linge. Un arrêt vraiment providentiel.
C’est ainsi que je suis reparti ce matin, requinqué et remis à neuf pour une journée plus cool. Même pas mal aux pieds, donc en sandales c’est possible !! Au programme 24km afin d’aller jusqu’à Vila Nova de Cerveira où je suis ce soir. J’approche de l’Espagne, je devrais franchir la frontière demain. J’ai quitté la côte aujourd’hui après Caminha, j’ai vécu de bons moments. J’aime beaucoup le Portugal, je m’y sens bien, j’y reviendrais c’est certain.
Je vous souhaite un excellent week-end, à bientôt, portez-vous bien !!
La marche est le meilleur remède pour l’Homme
Hippocrate