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franck trouve camino santiago

… et même beaucoup moins ce soir, à mon arrivée à Pontevedra.
En effet, il ne me reste plus que trois étapes avant de rallier Santiago.

Cette journée aura encore été difficile, marquée par la chaleur qui règne sur la Galice — 30°C cet après-midi — mais aussi par la topographie vallonnée de la région, les montées et descentes s’enchaînant, parfois à couper le souffle.

Bilan de l’étape : 29 km, mais surtout l’équivalent d’une « grimpette » de 76 étages, chiffre du jour affiché sur mon application.
C’est comme si j’avais eu l’idée de rejoindre le sommet des tours jumelles Petronas, à Kuala Lumpur, par les escaliers… Pourtant, je me souviens que ça ne m’avait même pas effleuré l’esprit à ce moment-là !
Cette comparaison est anecdotique, mais elle montre que marcher sur le Chemin n’est pas toujours une partie de plaisir, et requiert quelques efforts.

Dans un autre registre, les hébergements se suivent… mais ne se ressemblent pas toujours.
Preuve en est : ma dernière mésaventure samedi, à Tui, première ville-étape espagnole.

J’ai passé la frontière en soirée, en empruntant le pont qui franchit le Rio Miño. Petite parenthèse : ce magnifique ouvrage d’art est l’œuvre de Gustave Eiffel.
Évidemment connu pour sa tour emblématique, on oublie souvent d’associer son nom à une longue liste de réalisations, véritables prouesses techniques, comme ce pont, ou encore celui de Viana do Castelo.
J’ai eu la chance d’emprunter les deux à quelques jours d’intervalle.

Donc, après mon entrée en Galice, heureux de fouler à nouveau cette terre celtique, je suis arrivé dans le centre historique de la ville, en quête d’un hébergement.
Constatant rapidement qu’il était déjà trop tard pour espérer une chambre dans un hôtel ou une pension, je me suis dit :
« Tiens, pourquoi pas l’Albergue Municipale ?! »
De toute façon, il n’y avait pas d’autre alternative.

Pour être franc, j’ai vécu l’expérience en me promettant de ne pas la renouveler de sitôt.
Pourtant, j’ai passé des dizaines de nuits en auberge de pèlerins, mais il faut croire que j’en ai perdu le goût.

Rien à redire sur les lieux : c’est tout à fait correct, confortable et propre.
Mais 20 personnes dans une chambre, c’est là que réside le problème !!
Deux, c’est parfois déjà difficile pour certains… mais là, 20, je vous conseille d’essayer, pour voir !!

Je vous explique l’auberge espagnole : vous mettez une cinquantaine de personnes dans deux chambrées et vous les faites cohabiter.
Chacun a ses habitudes, il y a un peu de mouvement, mais c’est quand même sympa… jusqu’à l’heure du coucher, qui arrive assez tôt, autour de 22h.

En fait, c’est à ce moment-là que ça se gâte.
Car à l’extérieur, au pied de la cathédrale, c’est samedi soir, et les terrasses des cafés et restaurants sont en pleine activité.
La bière coule à flots (La Estrella Galicia !!).
Dans le même tempo : bruits à l’extérieur, bruits à l’intérieur (je vous passe les détails), sans compter les allées et venues aux toilettes, etc…

Sans boules Quies, très compliqué de trouver la paix !!
Bon, il y a quelques moments de répit, mais… rares.

Puis 5 h du matin arrive, et tout à coup, brutalement, tout s’arrête à l’extérieur.
Plus un son.
Le dernier ivrogne a lâché un cri énorme, puis plus rien.
Le calme règne soudain, ambiance couvre-feu.

Je vais pouvoir dormir… quand soudain… je fais un bond dans le lit :
un mobile lâche sa sonnerie stridente au-dessus de moi, 5h15, j’hallucine !!

Et là, le branle-bas commence : en tête, les deux voisines coréennes, suivies de très près par un couple d’Allemands.
Les lampes torches s’activent, je plonge dans mon sac de couchage :
ils vont m’aveugler !!

Peut-être ai-je loupé un ordre venant de la passerelle ?
On se croirait à bord d’un bateau, chacun s’affairant à son paquetage.

Je sens très vite que je vais être à la remorque, pas trop décidé à suivre le mouvement.
Je pense soudain que c’est dimanche.
Je ne vois pas trop l’intérêt de marcher le ventre vide.
En Espagne, le dimanche matin, tout est fermé.
Pas facile d’être du soir et du matin…

Me concernant, je ne suis pas trop du matin non plus…
En tout cas, pas du style à me jeter sur le trottoir, sac au dos, à 6h00 !

Bon, je vais rester un peu sous la couette…
Mais rapidement, les lieux deviennent déserts.
Si ça se trouve, ils vont me laisser là, dans le dortoir, et m’enfermer !!

Terrible d’être obligé de se bouger aussi tôt un dimanche matin.

Bon dernier, à 8h00, je claque la porte de l’auberge derrière moi.
8h00 !! Pas un chat dans la rue.
Ils sont tous partis.
Certains cuvent dans des recoins, et d’autres pratiquent déjà le planté de bâtons dans les chemins qui nous conduisent toujours plus au nord, vers Santiago.

 

Mieux vaut marcher sans savoir où aller que rester assis à rien faire

Proverbe Touareg

camino 99
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