Dimanche, jour de marché à BAC HA. C’est la grande fête, le rendez-vous hebdomadaire à ne pas louper, lieu de rencontres, d’échanges et d’achats pour toutes les minorités éthniques des environs. Ce marché attire beaucoup de monde de la région et les touristes qui viennent même depuis HANOI pour assister à cet évènement populaire et haut en couleurs.
De SAPA je suis redescendu samedi à LAO CAI pour reprendre un bus local. BAC HA se situe à 70km de cette ville, soit 2 heures de route de montagne environ. Le tout est de trouver le bus et qu’il parte à un moment, c’est l’équation du jour à résoudre. Pas très compliqué mais à LAO CAI, j’ai constaté que mes souhaits n’étaient pas forcément compatibles avec les plans de mes interlocuteurs, chauffeurs de taxis et de motos, qui s’évertuent à brouiller les pistes. Leur objectif est très simple : te faire croire qu’il n’y a pas de bus ou alors très tard, donc tu me suis … prends mon taxi ou montes sur ma moto, tu vas voir je vais te faire un bon prix … !!
Au VIETNAM, il vaut mieux apprendre très vite les combines et arnaques, j’ai déjà donné à SAPA avec l’hôtelier qui m’a fait le coup de la chambre à 6 dollars et qui m’a fait le change à sa façon, j’ai payé 210000 dongs au lieu de 120000. Merci l’ami !! mais j’ai manqué de vigilance, maintenant c’est clair je négocie d’emblée en monnaie locale afin d’éviter les fluctuations du dollar (de 20000 à 35000 pour 1 dong !!). Bon tout ça avec le sourire, ça passe mieux !!
Alors finalement, après avoir patienté pas mal de temps à la gare, j’ai déniché mon bus qui partait à 13h, 15h selon mes « amis » qui pensaient me dégoûter une dernière fois.
Ceci dit, il; n’est pas parti tout à fait à 13h, à l’heure du départ le bus continuait de se remplir de marchandises. A mon arrivée, le plancher était déjà occupé par un stock de tuiles, tu te mets les pieds où tu peux ! et les cartons se sont empilés dans le fond du bus.
13h30 nous voilà partis, enfin presque …. 10 minutes après nous étions déjà arrêtés dans une rue de la ville pour prendre livraison de meubles et fauteuils !! Là même serein, j’arrive encore (hélas) à me fâcher (un peu), j’essaye de leur faire comprendre que la plaisanterie est amusante mais qu’il faudrait peut-être à un moment songer à décoller !! yes, yes, no problem, cause toujours !! 10 minutes plus tard, à peine sortis de LAO CAI, re-arrêt et pile énorme de cartons à charger, en plus des passagers supplémentaires, j’en crois pas mes yeux. En fait le bus assure les livraisons pour BAC HA, genre M. Bricolage et Super U, version vietnamienne.
Plein comme un oeuf, le bus attaque comme il peut les montées, le voyage va encore être long … d’autant qu’un camion s’est mis en vrac à l’entrée d’un village, la circulation est bloquée … ah les voyages en bus et son lot d’aléas !! L’après-midi est bien entamé quand nous arrivons enfin à BAC HA, du moins à 3km du village, pour notre livraison de tuiles …. je les avais oublié !! me sentant d’humeur à ne pas rester plus longtemps dans ma cage, je rejoins à pied le bourg. J’ai hâte de me poser. Dimanche matin, 6h00, pas besoin de réveil, je saute du lit !!! des haut-parleurs placés sur la colline au-dessus du bourg, hurlent des discours et fanfares qui me laissent croire à une propagande gouvernementale. Bingo ! la propriétaire du restaurant où je prends mon petit-déj. me le confirme : galvanisation des troupes dès le levée !! le parti communiste diffuse ses bonnes paroles jusqu’au coucher du soleil. Une satisfaction pour les tympans et le mal de crâne, à l’heure de la sieste, les speakers font une pause. Accompagné de ces chants guillerets et patriotiques (inspiration Chantal GOYA), je descends vers 8h00 au marché, avant le débarquement des touristes. Il règne une ambiance de fête, je suis embarqué dans ce flot de couleurs, la foule est nombreuse, les costumes rivalisent de beauté, c’est dimanche à BAC HA. Les Hmongs fleuris (c’est le nom de l’ethnie locale) sont de sortie. Les visages sont rayonnants, la joie est perceptible, chacun est heureux d’être là pour ce rendez-vous hebdomadaire. Le marché est l’occasion de se rencontrer, d’échanger des nouvelles, de vendre, d’acheter, de manger ensemble, de boire … beaucoup !! Je me laisse porter par ce flot bruyant et multicolore, appareil photo en bandoulière, saisissant des visages, des scènes, sans être voyeur ou importun. Ces instants sont merveilleux, je suis au coeur de la vie. Une seule ombre au tableau, le commerce des chiens et des chats. Comme j’en ai eu confirmation depuis, au VIETNAM on les mange !! le spectacle offert par ce chien en cage, juchée sur une moto, et destiné à un prochain festin (photo ci-dessus) m’a profondément choqué. J’ai eu tout autant beaucoup de mal à l’écoute des cris des porcinets que l’on met dans les sacs. Je sais pourquoi je ne mange plus de viande aujourd’hui, les animaux sont nos amis, tous les animaux.