Installé sur le toit-terrasse de la Friday Inn, mon nouveau pied-à-terre rustique, face aux montagnes qui dominent le lac INLE, je goûte à un repos mérité.
J’ai passé le week-end à MANDALAY, où j’ai eu le plaisir de revoir le pont d’U-Bein, le plus long pont en teck du monde. Toujours aussi magnifique, baigné dans une atmosphère calme et sereine au coucher du soleil.
Je me suis également rendu à SAGAING, à une vingtaine de kilomètres de MANDALAY, mais cette fois-ci en moto. Je reste médusé d’avoir parcouru cette route jusqu’au sommet de la colline avec un antique vélo indien en 2012. J’ai dû prendre un coup de vieux !
SAGAING est aujourd’hui un important site bouddhiste, riche de nombreux monastères. Elle fut, au 14ᵉ siècle, l’ancienne capitale du royaume Shan. Depuis la terrasse de la pagode Soon U Ponya Shin, on découvre les innombrables stupas émergeant des coteaux boisés, les rives du fleuve Ayeyarwady, et au loin, MANDALAY.
Sur le chemin du retour, j’ai traversé le quartier des fabricants de Bouddhas, toujours à l’œuvre dans des conditions difficiles, respirant poussière et émanations toxiques. J’ai hélas constaté que les enfants continuaient d’être exploités. J’espère qu’un jour, ils connaîtront davantage les bancs des écoles.
MANDALAY, à l’image de RANGOON, voit ses rues se métamorphoser. Les premières tours de la ville se dressent dans un ciel désormais teinté par la pollution. Les deux-roues chinois et les voitures encombrent les artères, confrontées à un trafic dense et bruyant. Je ne suis pas resté plus longtemps, impatient de retrouver un peu de quiétude, loin de la foule et des clameurs des klaxons.
Au lac INLE, la vie est moins trépidante, même si le décor évolue rapidement et que l’affluence y est en forte progression. NYAUNG SHWE, la petite ville située au nord du lac, est en pleine mutation. De nombreux hôtels sortent de terre, l’urbanisation s’étale, et j’ai l’impression que la bourgade tranquille a doublé de volume.
Je suis arrivé hier à 3 h du matin, après un voyage de 5 heures en bus. La nuit a été courte. À cette heure matinale, personne ne m’attendait, sauf un chauffeur de tuk-tuk qui m’a proposé de me déposer chez un ami hôtelier (les chauffeurs de tuk-tuk ont toujours des amis hôteliers !). En pleine nuit, au bord de la route, les options sont très limitées. Autant faire confiance.
C’est ainsi que j’ai fait connaissance avec le propriétaire du Friday Inn, sorti de son sommeil par mon arrivée inopinée. L’hôtel affichant complet, j’ai dû me résoudre à abandonner l’idée de me recoucher (et le propriétaire aussi). La journée allait être longue. À 4 h, un jeune couple de Français, Justine et David, en provenance de BAGAN, me rejoignait à la réception.
Le propriétaire, très gentil et soucieux de nous occuper dès notre arrivée, nous a proposé une sortie en bateau sur le lac, avec un départ prévu à 7 h 30. Les chambres ne se libérant qu’à midi, le mieux était encore d’accepter la proposition et de partir pour cette excursion.
Aux premières lueurs du jour, sous un soleil radieux, les touristes étaient déjà très nombreux à l’embarcadère. Le lac INLE est véritablement la destination incontournable de la Birmanie… peut-être un peu trop. La flotte de bateaux n’a rien de comparable à ce qu’elle était il y a trois ans seulement. Qu’en sera-t-il dans un futur proche ? Comment ce lac va-t-il réagir face à l’urbanisation galopante et à ses rejets d’eaux usées ? Autant de questions que je me pose en profitant de la beauté de cet endroit merveilleux aujourd’hui.
La balade, qui dure une dizaine d’heures, permet de découvrir l’habitat lacustre, des ateliers de tissage de soie, des artisans, des joailliers, des fabricants d’ombrelles ou encore de cigares (les cheroots). Le tourisme se développant rapidement, l’offre s’adapte. On peut cependant regretter qu’un marché local, comme celui du village de NAM PAN, ne soit plus, pour l’essentiel, qu’une succession d’étals de souvenirs : objets, babioles, bijoux…
Les monastères et pagodes n’échappent pas à ce phénomène. Le très beau monastère en teck de Nga Phe Kyang n’a plus rien du lieu paisible que l’on pouvait découvrir dans le silence et la quiétude. Les « marchands du temple » occupent désormais l’espace entre le ponton et l’entrée principale du bâtiment, et les touristes déambulent bruyamment autour de l’autel, sous les yeux imperturbables des Bouddhas.
Les pagodes de Shwe Inn Dain et de Phaung Daw U subissent le même sort. Plusieurs centaines de commerçants tentent aujourd’hui de vendre les mêmes t-shirts, chemises, statues, colliers ou bracelets… Il n’est pas certain que tout le monde y trouve son compte.
Au-delà de ces remarques, je suis heureux de cette belle balade. Le lac INLE reste un lieu exceptionnel, et nous avons passé, avec Justine et David, une merveilleuse journée. Autant vous dire que nous ne nous sommes pas attardés le soir venu !
J’espère que mes photos de ces derniers jours vous apporteront un peu de joie et de lumière. Je pense, depuis ce vendredi 13, à PARIS, à la FRANCE, mais aussi à toutes celles et ceux qui souffrent sur notre planète. Il appartient plus que jamais à chacun de nous de faire de notre monde un monde meilleur.