Je suis actuellement à la terrasse du Mount Everest, à Leh, où je profite d’une connexion internet. Je peux enfin vous donner des nouvelles.
Je commence seulement à émerger de mon « terrible état ». Les premières 48 heures ont été plutôt difficiles à vivre. Rien de grave cependant, juste un petit souci d’acclimatation à l’altitude, couplé à une tourista !! Le thali de mercredi soir ou le café — très matinal — de jeudi, à l’aéroport de Delhi, a eu du mal à passer !! Trop tard pour chercher le fautif !!
Passer de 0 à 3 500 m d’altitude en 1 h 30, ce n’est pas banal non plus pour un organisme d’ordinaire habitué au niveau de la mer et à la côte bretonne. Autant dire que le souffle manque cruellement à la sortie de l’avion. Dix marches à monter ici, c’est l’équivalent, chez nous, de deux étages à grimper en courant !! Manque évident d’entraînement…
Résultat de l’expérience : du Royaume du Ladakh, je n’ai vu, pendant les deux premiers jours, que le lit et le « trône » !! Quarante heures à (mal) dormir et à me « nettoyer » les intestins. J’avais espéré mieux.
Heureusement, je suis logé dans une famille ladakhie, profondément gentille et accueillante, propriétaire d’une sympathique pension, et qui est véritablement aux petits soins pour moi. Botho Guesthouse, à l’architecture typique locale, se trouve dans un coin paisible (et coupé du monde) de Shey, village situé à une quinzaine de kilomètres de Leh, capitale du Ladakh.
Shey fut l’ancienne capitale du royaume jusqu’au XIXᵉ siècle. L’ancien palais d’été et les vestiges d’une forteresse du XIᵉ siècle surplombent le village et restent les témoins de l’indépendance de ce territoire. Dans l’enceinte du palais, un vieux monastère, déserté aujourd’hui, abrite une grande statue du Bouddha, de 12 mètres de hauteur, plaquée d’or. Seul un irréductible moine réside encore dans les lieux, psalmodiant des mantras sous le regard rieur de Gyalwang Drukpa, dont le portrait orne le mur du temple.
Aujourd’hui, dimanche, je me suis rendu au célèbre gompa (monastère) de Thiksey, de l’école Gelugpa (Bonnets jaunes) du bouddhisme tibétain, distant de 10 km de Shey. L’ensemble des bâtiments, accroché au flanc de la montagne, est imposant et majestueux, et domine toute la vallée.
La construction des édifices remonte au XVe siècle et n’est pas sans rappeler le Potala, le palais et demeure des Dalaï-Lamas à Lhassa, au Tibet (occupé depuis 1959 par les Chinois). L’ascension se fait tranquillement, avec quelques pauses, pour admirer l’étendue et la variété du paysage, et… reprendre sa respiration. Au loin, en arrière-plan de la vallée luxuriante de l’Indus, se dresse l’impressionnante chaîne montagneuse de Stok-Matho, dont le sommet, le Stok Kangri, culmine à 6 121 m.
À partir de mardi, Sa Sainteté le 14ᵉ Dalaï-Lama donnera, à Thiksey, sur une vaste esplanade située au pied du monastère, des enseignements attendus par les populations bouddhistes du Ladakh. Des étrangers, dont j’ai la chance de faire partie, sont également présents à Leh et dans ses environs pour participer à ces trois journées exceptionnelles. Nous avons rendez-vous avec celui que les nombreux Tibétains en exil nomment ici, avec dévotion et affection : « Kundun ».
Là ou l’ignorance est notre maître, il n’y a pas possibilité d’une paix véritable
S.S Le Dalaï Lama
