Depuis Bamako, où je suis enfin arrivé, je vous donne des nouvelles fraîches du périple. Une chose est sûre : rien ne se passe jamais comme on l’imagine !
Tout avait pourtant bien commencé au départ de Nouakchott. Parti tôt avec mon ami Aliou, nous rencontrons sur la route Boua et Bouba, deux de ses copains de la région parisienne. Nous voilà donc quatre véhicules en convoi :
la Mercedes 250 d’Aliou,
le Kangoo (aussi à Aliou, conduit par Boua),
le Peugeot Boxer de Bouba,
et ma fidèle Renault 21.
Nous traversons la Mauritanie sans problème, à travers des paysages magnifiques aux couleurs changeantes. La route est bien surveillée… trop à notre goût : un poste tous les 25 à 30 km, avec à chaque fois l’interrogatoire de routine et la fameuse demande de « cadeaux ».
Entre Kiffa et Tintane, c’est une autre histoire : la route devient une piste défoncée, parsemée de trous géants. Impossible de dépasser les 30 km/h. Sur 150 km, c’est un vrai calvaire… On l’appelle la route de l’Espoir, mais ce soir-là, c’était plutôt la route du Désespoir.
Il fait nuit noire quand nous atteignons les abords de Tintane. Il est 21h00. Plus qu’un poste de gendarmerie avant la ville.
Mais là, on nous informe que personne ne passe après 18h00, surtout les toubabs. Consignes de sécurité : trop dangereux à cause des bandits de route. Ah oui… ceux-là, je les avais presque oubliés. Frissons garantis !
Nous négocions, mes amis maliens ne voulant pas me laisser seul. Finalement, après un coup de fil du chef à sa hiérarchie, une escorte nous est accordée pour les 5 derniers kilomètres.
Nous arrivons sans encombre à Tintane, à l’auberge Soumeya, où nous sommes chaleureusement accueillis. Une chambre spacieuse pour quatre, propre, bon prix.
Dîner sous les étoiles (ciel magnifique), puis une nuit de repos bien méritée pour notre joyeuse compagnie.
Petit déjeuner copieux, puis la tempête de sable cède la place à de fortes pluies. On se demande si on va rester coincés à Tintane…
En fin de matinée, la pluie s’apaise. Nous décidons de reprendre la route, boueuse, encombrée de bois et de détritus. On roule prudemment.
À quelques kilomètres d’Ayoun, nous tombons sur un oued transformé en rivière. Pas question de traverser au moteur : il faut pousser les véhicules.
Nous avons de l’eau jusqu’aux genoux. Ma bonne vieille 21 passe le test d’étanchéité haut la main : le moteur redémarre sans problème, pas une goutte d’eau à l’intérieur.
Renault : des voitures à vivre, c’est prouvé maintenant !
Mais tout ne se passe pas aussi bien pour tout le monde…
Bouba, voulant faire le « kéké », fonce moteur hurlant à travers les flots : la Peugeot boit la tasse. Verdict : bielles coulées, moteur HS.
Boua, quant à lui, prend le volant de la Mercedes d’Aliou. À peine sortie de l’eau, il tente de redémarrer : panache blanc, pot noyé. Par précaution, une vidange est nécessaire.
Résultat : on marque une grosse pause au bord de la route.
Bouba, optimiste, tente de faire redémarrer son Boxer : démontage, vidange, remontage… deux heures s’écoulent. Le Mali est encore loin !
Avec Aliou, on reprend la route pour faire vidanger la Mercedes à Ayoun. Une fois le boulot terminé, nous repartons à deux, direction la frontière de Gogui.
Fermeture à 18h00. On fonce, mais les contrôles routiers nous ralentissent encore.
Nous atteignons la barrière à… 18h20. Trop tard.
Nuit supplémentaire en Mauritanie. Moi qui rêvais d’un dimanche à Bamako (le jour des mariages !), c’est raté.
Nous dormons dans ce qu’on appellera une auberge : une case, deux matelas en mousse, pas d’eau, donc pas de douche… On fera avec.
Lundi matin, debout à l’aube. Nous sommes impatients de repartir.
Surprise : Boua et Bouba, arrivés pendant la nuit, dorment dehors sur un lit de fortune, tractés jusque-là par une voiture mauritanienne.
Les gendarmes prennent leur temps, mais nous finissons par être libérés.
Nous filons enfin vers le Mali.