Nous pensions avoir fait le plus difficile en quittant nos gendarmes mauritaniens… Nous roulions, heureux, en direction de Bamako, jusqu’à notre arrêt à la douane malienne de Nioro.
Arrivés avec Aliou à 9 h, nous entamons les formalités : dédouanement de ses véhicules, et obtention pour moi d’un laissez-passer touristique.
Pour faire court : ça a pris la journée. Eh oui, c’est comme ça ici. Il faut voir pour le croire. On a encore dû pas mal discuter, parlementer.
Dans mon cas, j’ai réussi à éviter l’escorte jusqu’à la frontière du Burkina, pour la modique somme de 10 000 CFA.
Le laissez-passer ne m’a finalement coûté que 5 000 CFA, mais ici, tout se négocie, et avec (beaucoup de) patience, tout finit par s’arranger.
Petite anecdote : une fois tous les documents obtenus, nous nous présentons au premier contrôle de police, à 500 mètres… et là, pas de chance : je n’ai pas fait tamponner mon document au commissariat de Nioro. Retour en ville !
J’arrive au commissariat, reçu par le chef. Après quelques minutes, il m’annonce qu’il manque le timbre fiscal de 5 000 CFA, à acheter à la Trésorerie… mais elle est fermée !
Aliou m’attend au contrôle. Je commence à me dire que je vais devoir passer la nuit à Nioro.
Mais, soudain, le chef trouve une solution — certes pas tout à fait légale… mais “on peut s’arranger”.
Tampon magique, signature, et le tour est joué. Une obole de 2 000 CFA pour “les bonnes œuvres”, et me voilà en règle.
19 h, la journée est propre ! On file malgré tout vers Bamako.
La route s’annonce difficile : la nuit tombe, un orage éclate, la pluie s’abat par rafales, et il faut rester extrêmement vigilant :
éviter les ânes (sans permis ni phares !), les camions immobilisés sur les bas-côtés… la route devient piégeuse.
Basile est avec moi dans la voiture, ça me soulage un peu, je me sens moins seul. Je l’emmène à Bamako récupérer de l’argent : son véhicule est bloqué à la douane.
On fait une petite pause pour se restaurer, puis une grande pause à la douane de Kati, quelques kilomètres avant Bamako.
Nouvelles discussions, nouveau racket : Aliou doit encore lâcher une somme conséquente.
Ici, certains douaniers s’enrichissent tranquillement, sans reçu, sans justificatif, tout va direct dans la poche.
4 h du matin. J’ai des frissons, je monte le son dans la voiture… je me désespère d’aller enfin me coucher.
Nous sommes hébergés chez Sékou, un ami d’Aliou.
Je n’ai plus la force de penser à une toilette. Plus de jus. K.O. technique.
Je me couche habillé, à moitié endormi depuis plusieurs kilomètres…
Mais là, sur le matelas, je peux enfin m’abandonner.
