KOLKATA (CALCUTTA)

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Me voici à Kolkata, anciennement Calcutta. “Cité de la Joie”… mais aussi de la misère, omniprésente.


Dès la descente du train, changement radical : après le calme des montagnes, place à l’effervescence urbaine, à un rythme presque électrique.

Le Darjeeling Mail m’a déposé ici à l’heure, dans un confort sommaire mais correct. Voyager en train de nuit en Inde, c’est finalement plutôt pratique et sympathique.

J’ai posé mon sac au Modern Lodge, célèbre adresse de routards fauchés, située dans le quartier central et touristique de Sudder Street. “Modern” et “Lodge” sont des mots ambitieux pour désigner une pension à la déco fatiguée, mais on fait avec.

Première journée à arpenter la ville. Immense. Grouillante. Une sorte de grosse pomme indienne, façon New York : les taxis jaunes, un vaste parc central (heureusement), des avenues larges… mais sans les gratte-ciels.
Au Victoria Memorial, la “Maison Blanche locale”, j’ai visité une exposition à la gloire de la Couronne britannique. Calcutta fut longtemps la seconde ville de l’Empire, et cela se sent encore dans l’architecture d’un passé colonial défraîchi.

J’ai marché des kilomètres dans les quartiers populaires (ils le sont tous ici…), le nez au vent, les yeux grands ouverts.
Les rues racontent une grandeur fanée, entre façades usées et circulation anarchique. Impossible de ne pas penser à Slumdog Millionaire en traversant cette ville chaotique, vibrante, vivante. La misère est là, partout, sur les trottoirs, dans les regards, dans le vacarme.

Marcher dans Calcutta, c’est s’épuiser physiquement… mais se nourrir intérieurement. En fin de journée, je suis allé flâner au New Market, à deux pas de Sudder Street. L’ambiance était plus douce, presque festive.
En ce moment, c’est le Ramadan, et les boutiques restent ouvertes tard. Les rues bruissent d’échanges, de rires, de parfums.

Ce matin, après une nuit trop chaude (le ventilateur était en panne), je suis allé frapper à la porte des Missionnaires de la Charité, la communauté fondée par Mère Teresa.
C’est Jean-Noël, rencontré à Darjeeling, qui m’avait parlé de son expérience ici. Pas de hasard, encore une fois.

Je me suis inscrit comme volontaire. Aujourd’hui, j’ai vécu ma première journée au centre de Prem Dan, en périphérie de la ville, au cœur d’un bidonville. Oui, les bidonvilles existent toujours, et ils sont là, à deux pas du centre-ville.

Je n’avais pas prévu de venir à Kolkata. Et pourtant, je suis ici, à accompagner un peu ceux qu’on oublie : les miséreux, les malades, les mourants.
Aujourd’hui, j’ai accompli des gestes que je n’avais jamais faits de ma vie. Avec mes mains, j’ai tenté de donner un peu de tendresse, un peu de réconfort.
Et ce que j’ai reçu en retour dépasse les mots. Quel bonheur.

J’ai beaucoup appris en une seule journée. Et je comprends pourquoi tant de volontaires du monde entier viennent ici, à “Mother House”, pendant leurs vacances — parfois pour quelques semaines, parfois pour plusieurs mois.
Aucun diplôme requis. Aucun paiement demandé. Juste l’envie de donner.

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