BOM DIA !! BEM-VINDO !!

rota vicentina 2018

« En balade ? Vous allez loin ? »
« Oui, en longue balade, je vais à Santiago de Compostella. »
« Ah ! En effet, ça fait loin. Moi, je ne pourrais pas marcher comme ça des heures, et puis en plus tout seul. Ceci dit, je n’ai jamais essayé, faut voir, peut-être un jour ! »

« Il faut avoir du temps pour faire ça, ou être à la retraite… mais vous n’êtes pas à la retraite ? »
« En fait, je fais les deux, souvent. Je prends du temps et je me mets en retraite, depuis une dizaine d’années. »
« Ah bon, faut pouvoir quand même ! »
« Non, plutôt vouloir et prendre quelques décisions. »
« Ah bon… »

Dialogue de ce matin avant mon départ de Zambujeira do Mar avec un sympathique couple de Savoyards croisé devant l’office du tourisme.

La solitude, se mettre en retrait… autant de peurs qui reviennent souvent dans les discussions. Et pourtant, quelle heureuse opportunité, à travers la marche au long cours, de se retrouver et de changer de rythme.

Je vous ai quittés à Aljezur, au terme de ma troisième étape, et je suis maintenant à Almograve. J’ai déjà parcouru un peu plus de 140 km sur cette magnifique côte Vicentine. Chaque jour est un émerveillement, avec parfois quelques difficultés, comme dimanche lors de l’étape Aljezur – Odeceixe. Sur le papier, tout semblait assez simple, mais je me suis mélangé les pinceaux avec les couleurs. Le chemin historique, qui est aussi le GR11-E9 (c’est-à-dire que, depuis le cap Saint-Vincent, vous pouvez marcher jusqu’à Saint-Pétersbourg !), est balisé en rouge et blanc. Puis, à un moment, il y a le GR13 « Via Algarviana » qui surgit soudainement et sème le doute, car lui aussi est balisé en rouge et blanc. Et enfin, la « Rota Vicentina », balisée en vert et bleu. Bref, 18 + 6 = 24 km à l’arrivée, avec des zigzags, des montées (longues) et des descentes (trop courtes).

Sur la côte, depuis Odeceixe, tout semblait beaucoup plus simple, avec un unique chemin et un seul balisage, celui de la « Rota Vicentina ». C’était trop beau ! Je suis donc parti confiant, concentré sur les deux traits vert et bleu, en direction de la plage, pour ensuite suivre la côte. Sauf qu’en longeant la rivière, qui suivait le même itinéraire, je me suis rendu compte, à l’embouchure, que j’étais tout simplement… du mauvais côté !
Une seule solution : traverser ! Coup de chance, ce n’était que le début de la marée montante et le niveau de l’eau n’atteignait que mon short. Un peu plus tard, et j’étais bon pour quelques kilomètres de plus…

Après cet épisode, j’ai commencé à marcher sur la corniche, et là, je peux vous dire que c’était tout simplement époustouflant. Le spectacle était grandiose, la succession de falaises et de plages sauvages d’une grande beauté. J’ai adoré.
Retenez cette randonnée, elle vaut vraiment le déplacement : Odeceixe – Zambujeira do Mar, 20 km de pur bonheur. À l’arrivée, j’ai trouvé une chambre dans une petite guesthouse (Alojamento Local), pas très loin de la plage, et j’ai pu enfin plonger dans les vagues de l’océan. Un régal au terme d’une très belle journée.

Je vis des instants merveilleux, la nature est superbe. J’ai vu aujourd’hui des nids de cigognes surplombant des falaises, et une cigogne, majestueuse, trônant sur un pic au-dessus des flots.
J’ai aussi fait une rencontre impromptue avec un cobra ! Un cobra-rateira (le serpent de Montpellier). Il peut atteindre jusqu’à deux mètres et il est tout à fait inoffensif pour l’homme. Je venais justement de lire sa description sur un panneau présentant les reptiles présents sur cette côte, en me disant que j’en croiserais peut-être un… et gagné ! Il ne s’est pas passé un quart d’heure avant que, par mégarde, je marche sur l’un d’eux, petit, pas plus d’un mètre, et d’une belle couleur vert émeraude. Séquence émotion !

Demain, je continue ma route vers Porto Covo. Le chemin emprunte, sur la fin, des dunes. J’ai déjà commencé à marcher ponctuellement sur le sable, mais il paraît qu’au nord, c’est plus sérieux. Je vous raconterai.
J’ai bien fait d’opter pour un petit sac à dos, un « Deuter » de 26L. Avec l’appareil photo, l’eau (quand j’en ai !) et l’ordinateur, je ne porte pas plus de 9 kg. Et je crois que je l’ai déjà dit, mais ici, les bâtons sont indispensables : la randonnée sur cette côte est très sportive.

L’heure est venue pour moi de récupérer avec une bonne nuit.

Demain, ce sera à nouveau « Bom dia !! » et « Bem-vindo !! » dans ce beau pays.

À bientôt. Portez-vous bien.

 

« Marcher, c’est retrouver son instinct primitif, sa place et sa vraie position, son équilibre mental et physique. C’est aller avec soi, sans autre recours que ses jambes et sa tête. Sans autre moteur que celui du cœur , celui du moral »

Jacques LANZMANN – Ecrivain

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