DARJEELING

darjeeling

Temps de chien à Darjeeling ! Il pleut sans discontinuer depuis mon arrivée — normal, c’est la mousson.

Le voyage fut long, très long… et les 20 heures de transport franchement épuisantes. L’antique Tata (marque indienne emblématique) a tenu bon malgré une route en piteux état, des coulées de boue, des nids-de-poule profonds comme des puits, et quelques frayeurs dans les virages de montagne.

Voyager de nuit, dans ces conditions, relève clairement de l’aventure. Dormir ? Un sport de combat — entre les grosses secousses, les amortisseurs d’époque, et la route en lacets, encombrée de camions, sous la pluie, avec le vide à chaque virage. Quelques sueurs froides assurées…

Un voisin m’a tout de même rassuré : “Après la descente, la belle route commence.” En effet, quelques heures plus tard, nous étions enfin dans la plaine, sur… une sorte de départementale version années 60, au revêtement douteux, bordée de fossés accueillants. Dans le halo des phares, depuis le fond du bus, j’avais l’impression de revivre « Le Salaire de la Peur » !

À l’aube, nous avons atteint la frontière indienne, cassés mais vivants. Il me restait encore un vieux bus à prendre jusqu’à Siliguri, puis une Jeep collective (10 personnes entassées) pour l’ascension finale jusqu’à Darjeeling — ou plutôt “Dorjee Ling”, le “lieu de la foudre” en tibétain.

Inutile de trop regarder par la fenêtre : le précipice est omniprésent, la route toujours étroite, et les chauffeurs, de vrais “Fangio” du virage serré. Ici, la Jeep est le moyen de transport roi, et l’adrénaline est comprise dans le prix du billet.

C’est toujours sous une pluie battante que j’ai entamé l’ascension à pied vers mon hôtel, perché dans les hauteurs de la ville. Darjeeling s’étale entre 1800 et 2400 m d’altitude. Chaque déplacement est un petit défi physique, et avec le sac à dos, c’est encore plus “fun”. Ici, il faut de bons mollets, pas de doute.

Je finis par poser mon sac à l’hôtel « Aliment » (en français !), fourbu, trempé et odorant. Enfin, une douche… froide bien sûr — l’eau chaude n’est disponible que quelques heures le soir. Le grand luxe !

Difficile pour l’instant de vous parler vraiment de Darjeeling. J’essaie en vain d’apercevoir les sommets himalayens et les plantations de thé qui ont fait la renommée de la région. Pour l’instant, c’est une purée de pois constante, parapluie chinois en main (pas le choix…).

Je suis tout de même allé jusqu’au Village des réfugiés tibétains, construit en 1959 après l’invasion chinoise. Tristement vétuste, même sous le soleil, et encore plus sinistre sous la pluie. Les conditions de vie semblent rudes.

Demain, je récupère mon permis pour le Sikkim, indispensable en plus du visa indien.
Cette région enclavée entre le Népal, le Bhoutan et le Tibet, est à la fois mythique et mystique. Une sorte de balcon suspendu dans l’Himalaya.

Je ne suis pas là à la meilleure saison, mais j’ai prévu de m’installer près du monastère de Rumtek, à une vingtaine de kilomètres de Gangtok, la capitale.
C’est le siège du Karmapa, chef de l’école Karma Kagyu du bouddhisme tibétain.

Le programme ? Méditer. Boire du thé. Laisser la pluie tomber. Et peut-être, au détour du brouillard, apercevoir un peu plus que le gris des nuages.

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