Je suis depuis hier à Dali, à 350 km au nord de Kunming, dont je ne garderai pas un souvenir impérissable. C’est une ville en perpétuels travaux : les Chinois bétonnent à tout-va, les tours poussent comme des champignons, souvent sans charme (à mon goût, du moins).

Tout le monde s’agite à Kunming, et certains font des affaires — en témoignent les grosses berlines qui sillonnent les rues. L’ambiance est plutôt morose : adieu les sourires birmans, ici, c’est plus froid, plus distant.

L’important semble être de faire de l’argent et de consommer. Boutiques de marques, grands magasins clinquants : le consumérisme a trouvé ici un terrain fertile. Les Chinois paraissent satisfaits d’accéder à cette grande illusion du bonheur matériel. Le mirage de l’ordinateur et du smartphone a bien opéré, mais tout cela reste sous le strict contrôle de l’État. L’accès aux informations jugées « dérangeantes » ou aux sites considérés comme « subversifs » (médias étrangers, Facebook, DailyMotion, YouTube, Google… la liste est longue) est verrouillé.

Je n’ai pu accéder à aucun de mes sites habituels, notamment pour m’informer sur la situation au Tibet. Impressionnant… Seule petite satisfaction : j’ai pu mettre à jour mon blog et y ajouter quelques photos.

Côté télévision et presse, même constat : seuls les médias d’État sont autorisés à diffuser une information édulcorée, voire falsifiée. Conclusion officielle : tout va bien en Chine…

Depuis mon arrivée en Chine, j’ai parfois l’impression de vivre dans une version grandeur nature du film The Truman Show, interprété par Jim Carrey — sauf qu’ici, c’est “The China Show” !

À Dali, changement d’atmosphère : une ville à taille humaine, préservée et restaurée, bâtie en marbre. Les murs des maisons, les édifices, les pavés des rues… tout ici respire la pierre blanche. Dali est d’ailleurs la capitale du marbre en Chine, exploité depuis 13 siècles.

En chinois, le mot marbre se dit “Dali shi”, littéralement la pierre de Dali.

La vieille ville est aujourd’hui entièrement dédiée au tourisme, avec ses boutiques et ses restaurants. Les groupes de touristes chinois débarquent dès le matin, guidés par des encadrants à drapeaux et hauts-parleurs — les mêmes qu’on croise à Paris ou dans les châteaux de la Loire ! Bon, sans vouloir être médisant, dans ces cas-là, mieux vaut louer un VTT et fuir la meute.

C’est ce que j’ai fait : direction le lac Erhai, tout proche. Pour info, Dali est perchée à 1900 m d’altitude, au pied de la chaîne des Cangshan, dont le sommet, le pic Malong, culmine à 4122 m.

Loin de la foule et du bruit, en traversant des petits villages ruraux, j’ai rencontré d’autres visages de la Chine, plus souriants, plus détendus. Pédaler le long du lac s’est avéré non seulement un bon exercice, mais aussi une formidable façon de s’imprégner du paysage.

Sur le chemin du retour, j’ai visité la petite église catholique de Dali, construite en 1904, étonnamment discrète au milieu des constructions traditionnelles — une belle curiosité.

Demain, je pars pour Lijiang.
J’espère toujours pouvoir me rendre au Tibet, je verrai ce qu’il est possible de faire via les agences de Shangri-La dans quelques jours.
Je garde l’espoir.

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