En ce 1er juin, j’atterris à l’aéroport Tribhuvan de Katmandou. Il s’est écoulé six années depuis mon dernier voyage au Népal. Je suis heureux de revenir dans cette ville animée située aux portes de l’Himalaya, où j’ai eu l’opportunité de séjourner à plusieurs reprises. Je mesure la chance d’être ici : à deux jours près, je ne décollais pas. J’ai eu des sueurs froides au moment de l’embarquement. Un conseil : vérifiez bien la date d’expiration de votre passeport, car pour certains pays, six mois avant cette date, vous ne partez pas !
Il pleut des cordes à ma descente d’avion. Nous entrons dans la saison des pluies. Je suis surpris, à mon arrivée, par la modernisation de l’aéroport, et à bord du taxi qui m’emmène vers le quartier central de Thamel, je constate que Katmandou a beaucoup changé. Les traces du terrible tremblement de terre de 2015 ont quasiment disparu, et d’importants investissements ont transformé la ville, résolument décidée à devenir une destination touristique majeure. De nouveaux hôtels de luxe sont sortis de terre pour répondre à la forte demande, notamment grâce aux trekkeurs du monde entier, toujours plus nombreux à vouloir gravir les hauts sommets de la chaîne himalayenne, représentant une manne financière pour l’économie népalaise.
Cette fois, je n’ai pas trouvé de logement dans mon quartier habituel de Swayambhu, et j’ai des inquiétudes quant à mon point de chute situé dans Thamel. Hélas, je n’avais pas d’autre choix, et très vite, je me rends compte que mes craintes étaient fondées. Malgré les promesses formulées à mon arrivée, l’hôtel se révèle bruyant. Mon balcon donne pourtant sur un joli jardin intérieur, mais la présence d’une table de ping-pong et d’un écran géant diffusant tous les soirs des matchs de baseball rend difficile l’endormissement. Le calme arrive vers deux heures du matin, mais dès sept heures, la vie bat à nouveau son plein à Katmandou, et les chantiers environnants se signalent déjà à mes oreilles. En conclusion, ne venez jamais loger dans ce quartier, sauf si vous aimez faire la fête et passer la nuit dans les bars et les discothèques.
Malgré cet inconvénient, mon séjour est agréable et j’articule mon emploi du temps entre les enseignements bouddhistes que je reçois au monastère Osel Ling Tergar et les visites de mes sites préférés. Je suis retourné à Durbar Square, et j’avoue avoir été étonné de constater que les principaux bâtiments et le palais royal ont été impeccablement restaurés ou reconstruits. Un travail fantastique a été réalisé pour effacer le désastre subi. Moi-même, je n’y croyais guère : j’étais venu sur le site en 2017, et tout me portait à croire que la tâche serait insurmontable. Je suis admiratif. Les Népalais ont réussi leur pari : bravo pour leur formidable résilience. J’adore ce quartier classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, où je résidais lors de mon premier séjour à Katmandou. Je logeais dans une ruelle perpendiculaire à Freak Street, et j’allais prendre mon petit-déjeuner au SnowMan Café, un lieu mythique de l’époque hippie. J’y suis bien entendu retourné : le cheesecake est toujours délicieux. Raju, qui a succédé à son père, a maintenant les cheveux grisonnants. Nous prenons une photo, échangeons quelques mots et passons un bon moment. Je suis heureux qu’il soit là, derrière son comptoir, à tenir ce qui représente aujourd’hui le dernier vestige des années 70, à l’époque où tous les chemins menaient à Katmandou.
Mon séjour ne peut s’achever sans que je passe, évidemment, par Bodnath et son stupa, le plus grand d’Asie. Je tourne autour en compagnie de vieux pratiquants tibétains égrenant leurs malas ou faisant tournoyer leurs moulins à prières. L’atmosphère paraît tout à coup paisible, à l’écart de la circulation dense de la ville. Il faut venir ici pour se ressourcer et bénéficier d’un peu de calme. À la nuit tombée, le lieu est encore plus magique et serein sous la lumière de la lune. Je suis également retourné à Swayambhunath, le temple des singes, un autre sanctuaire incontournable à Katmandou. La montée de l’escalier est toujours aussi raide, mais la vue depuis le sommet permet de bénéficier d’un beau panorama sur la vallée et les collines environnantes. Les singes sont ici chez eux : ils sont partout, dans les arbres, les temples, sur les murs ; ils nous entourent et nous épient, sans agressivité aucune, habitués à côtoyer les humains. Il convient juste, par prudence, de ne pas les tenter avec de la nourriture… sinon, gare !
J’ai passé deux belles semaines, riches de rencontres et de partages. Le Népal est une destination que j’affectionne, et je vous souhaite de visiter ce pays étonnant et dépaysant. Avec plus de temps, j’aurais aimé retourner à Pokhara et revoir la chaîne de l’Annapurna. Alors, peut-être une autre fois…