Je suis dans le village de Bukit Lawang, au nord de l’île de Sumatra, aux portes du Parc National du Gunung Leuser. Ce parc de 9 500 km² est l’un des deux endroits, avec l’île de Bornéo, où l’on peut encore voir des Orangs-Outans en Asie (Indonésie & Malaisie). Exterminés à cause de la déforestation massive au profit des champs de palmiers à huile, les « Hommes de la forêt » sont aujourd’hui menacés d’extinction et ne doivent leur survie qu’à ces territoires désormais protégés.
41 000 Orangs-Outans à Bornéo, 7 500 à Sumatra : les chiffres parlent d’eux-mêmes. Difficile de lutter face à 7 milliards d’humains toujours plus avides et consommateurs irréfléchis… Il serait trop facile de blâmer les Indonésiens pour l’abattage intensif des forêts tropicales : ils ne font que répondre à notre demande. La notion d’interdépendance apparaît ici dans toute son évidence. L’achat de margarine, biscuits, pâtes chocolatées ou autres friandises dans nos pays a un impact direct sur l’environnement de ces îles. Et ce sont, bien souvent, de grandes compagnies occidentales qui contrôlent les plantations géantes et ce juteux marché de l’huile de palme.
À chacun de nous d’assumer sa part de responsabilité. Soyons, au quotidien, plus vigilants et attentifs à ce que nous faisons, à ce que nous consommons. Chaque geste, chaque acte a inévitablement des répercussions ailleurs.
Je souhaite que mon petit-fils, et sa génération, puissent encore s’émerveiller en marchant un jour dans la jungle, et y découvrir ces êtres merveilleux — nos cousins, les Orangs-Outans. C’est pour eux que je suis venu jusqu’ici, comme tant d’autres venus de loin. Heureusement, retirer d’importants revenus de l’écotourisme est une démarche qui semble avoir conquis la population locale. Jadis chassés ou capturés à des fins personnelles, les Orangs-Outans font aujourd’hui l’objet de la plus grande attention dans le parc. C’est dans cette évolution, et dans notre passion commune pour les « Hommes de la forêt », que réside l’espoir de les voir encore dans le futur.
J’ai eu le bonheur de vivre une expérience formidable au sein d’un groupe sympathique (8 personnes). Nous avons passé ensemble, gaiement, deux jours et une nuit dans la jungle, à la rencontre de ces êtres fabuleux, si proches de nous. Ces hominidés partagent 97 % de notre génome. Les observer, en liberté, dans leur espace naturel — la forêt tropicale — procure une joie intense.
Je suis heureux d’avoir pu faire ce trek, dont l’organisation s’est révélée sérieuse, avec des guides compétents et passionnés. Le retour à la base en raft de fortune (chambres à air reliées entre elles !!) nous a procuré quelques sensations rafraîchissantes, clôturant joyeusement notre périple.
Avec l’ascension du Merapi, j’ai réalisé deux projets qui me tenaient à cœur. Je suis en pleine forme physique avec ces enchaînements d’escalades et de marches sportives. Je vais désormais continuer ce voyage plus tranquillement, et séjourner quelques jours sur les rives du lac Toba. J’avais entendu parler de cet endroit lors d’un échange, il y a quatre ans, au Népal.
Pour le moment, je savoure le calme du village de Bukit Lawang. La terrasse de mon bungalow donne sur la rivière Bahorok : farniente au programme.
Portez-vous bien… et surtout n’achetez plus de Nutella !!